Des fois y se passe juste trop de choses en trop peu de temps. Faque ça fait que j'ai mille choses à raconter (pis mille autres que j'ai oublié) pis j'me retrouve devant des pages blanches qui nécessitent le maximum de détails parce que si j'en écrit pas assez quand j'vas relire ça dans dix ans, asti, ça me dira pu rien. S'qui fait que j'repousse l'échéance... encore pis encore... jusqu'au point que... bin j'arrive le 11 juin avec des tonnes de choses à dire pis l'impression que j'vais me fouler le poignet si j'les raconte toute.
Aye, s'pas mêlant, ça me fait peur! C'est quasiment une corvée! S'pas censé! Mais ça en est une pareil...
Bon, laisse moi juste le temps de relire le 6 juin pis j'vas essayer d'y aller chronologiquement.
Okay. Je suis situé. Bon, Charlemagne chez nous pis moins qui part peter les tympans de ma sourde. J'me souviens que je l'ai pas trop (en tout cas, vraiment moins) faite sauter cette journée-là. Genre deux-trois fois contrairement à une bonne douzaine à l'autre cours. Mais tsé, s't'une gang d'énarvés pis de mongols mais y sont fins quand y veulent... (Le problème c'est bin ça, c'est faut qui veule) mais leur prof m'a racontée que, quand elle est arrivée en braillant dans une classe (une histoire d'album de finissant pis de poursuite, j'ai pas trop compris), y se sont tous mis avec elle. Même qu'ils sont allés lui acheter des cochonneries et on fait les clowns pour lui remonter le moral.
C'est quand même cute. Faque j'les voyais un peu d'un autre oeil, s'te gang de taouins-là quand je suis retournée.
Quand tu sais de quel bord faut tu flattes, ça va bin mieux!
Bon sinon, quand je suis revenue, c'est sûr que mon p'tit pit c'était envolé depuis un boutte. Pis même si je le savais, même si c'était sûr et certain qu'il allait plus être là, y'avait quand même une partie de moi qui souhaitait d'le voir les yeux bouffis pis le sourire endormi quand j'arrivais. Bon, il aurait dormi toute la journée, mais j'pense que j'ai un faible pour les Bed-Head.
Faque y'était pu là. Pis je sais bin que les gars font pas ça, mais j'ai quand même regarder la table d'la cuisine pis la machine à café voir si y'avait pas un mot. Quelque chose... Mais bon, y'a l'air d'aimer ça m'appeler faque y devait plutôt planifier de me rappeler.
En tout cas c'est ça que j'ai pensé. Jusqu'à ce que je me couche pis que j'voye sur ma table de nuit un bol de fraises pis une canne de crème fouette.
Je sais pas qui c'est qui à mis s't'enfant-là sur mon chemin mais j'le remercie du fond de mon coeur et du fond d'autre chose... Aye, y'avait même collé un post-it sur la canne (quoiqu'il avait tombé avec la chaleur qui avait fait perler d'eau la canne) et c'était marqué «Next time...»
Aye, jeune, beau pis cochon. Quessé que j'arais pu souhaiter de plus?
Bon la fin de semaine s'est passée pas mal ordinaire. Ordinaire pour une drag-queen anyway. Party, alcool, pas de sexe (mon dieu, j'suis rendue fidèle, au secours!) mais en tout cas. On a eu du fun avec les filles (elles ont pas arrêtées de me poser des question (faut comprendre que je leur avait jamais parler de Charlemagne avant ce samedi-là) et elles me demandaient toutes sortes de questions comme la grosseur de sa graine (J'le sais tu moi, criss, je l'ai pas mesuré, je l'avais dans la gueule. Non mais y m'énarve avec ste question-là) et la couleur de ses cheveux (ce qui est tellement fucking dur à expliquer, y'a pas deux bruns qui sont pareils) pis toutes sortes d'autres questions) et j'ai servi plein de shooters au Goldschlagger parce que c'était celui-là qui était à deux piasses en fin de semaine. Je sais pas si c'est pour épuiser le stock, mais si oui, va falloir faire des soirées spéciales en simonack parce qu'on a à peu près quarante boîtes en stock! J'sais pas pourquoi on en a acheté autant une fois, faudrait que je demande...
Ça me rappelle le temps où j'travaillais chez Burger King et que, par accident, on avait commandé ÉNORMÉMENT de pains. Mais genre, tellement qu'ils pourrissaient avant qu'on les servent. Y'en avait partout. Et à chaque semaine, une nouvelle commande, toujours aussi énorme rentrait. C'est sûr que les personnes en charge c'était pas les plus bright pis que je m'engueulais souvent avec mais bon... Quel gaspillage.
Aye, un jour va falloir que je vous parle de mon métier de ramasseur de roches... Mais pas aujourd'hui, j'ai déjà mal à main pis je viens de finir la fin de semaine, y me reste deux jours en plus d'aujourd'hui.
J'ai faite d'la suppléance juste lundi (dans un cours où on recevait un invité, un policier, tellement macho que j'avais envie de lui casser la gueule. Je pense pas que j'aurais réussi, mais mon dieu... Quel cave, mes chéries. Ça avait juste pas de sens, il disait des choses et je voulais mourir de rire. Quoi par exemple? Et bien le mec, tout bonnement, vient faire un cours sur «faut pas boire et conduire» et lui de dire à une élève qui ne boit jamais (elle n'aime pas l'alcool.... elle manque quelque chose, la pauvre!) mais lui de lui dire: «Dieu que t'es straight,je t'inviterais jamais à un de mes partys.» Écoute, j'avais envie de le frapper en même temps que de lui rire au nez. J'ai jamais eu de superbes réactions avec la police. Je les déteste, je déteste leur airs supérieurs. Bon, je sais, c'est de la généralisation, mais j'en ai jamais rencontrer un qui avait d'l'allure, s'pas compliqué, j'ai vraiment l'impressionq ue ça existe pas! Et c'est pas parce que j'en ai pas côtoyé, oh non...)
Et l'après-midi, je suppléançais dans un cours de mathématique 536. Au secours! J'y connais rien, mais absolument fichtrement totalement rien. Je suis une couille en mathématique en plus d'hair ça. Mais c'était un remplacement de dernière minute, de tout urgence. J'ai accepté, mais je les ai avertis (l'école) que je ne pourrais absolument répondre à aucune question. (Puisqu'on est tout de même à la veille des examens de fin d'année, je me suis dit que j'allais avoir des visages paniqués même rancuniés.)
Que nenni. La seule chose qui les intéressait c'était de se passer des albums de finissant pour s'écrire des «J'te love bitch change pas.»
J'ai donc pu avoir du temps à moi... pour absolument rien faire à par de penser à s'que Charlemagne pouvait bin être en train de faire... Y'était à l'école lui aussi... J'me demande juste si ça l'affecte autant que moi s't'histoire-là ou si y'est hyper indépendant pis que y'a quatre-cinq dates par semaine...
J'me suis officiellement interdit de m'en faire (parce que de toute façon, ça peut pas durer éternellement... mais même en me le disant, je sais que le jour que ça va finir j'vas avoir mal comme j'ai jamais eu mal... J'l'aime d'amour, j'l'aime d'amour pis c'te fois-ci, j'l'aime plus que ma fierté... Faque j'vas me traîner un peu trop à genoux à mon goût. Pis les filles me le pardonneraient jamais. Parce que l'amour doit jamais être plus fort que la fierté. Faut se respecter. Le problème avec l'amour aveugle, c'est qu'on s'oublie et qu'on se laisserait passer sur le corps mille fois pour ne pas se retrouver tout seul... C'est horrible,c'est horrible, et je me sens y arriver... Morceau par morceau, j'y arrive, j'vas me rendre là, même si je continue de me répeter qu'il faut pas. S'tu cave un coeur! Ça écoute pas ton cerveau... Cochonnerie de calvaire!) faque j'aime mieux me dire que lui aussi, en plein milieu d'un excercise de math ou d'un problème d'économie y lève les yeux pis y pense à moi.
Mardi j'ai faite une suppléance bin plate, bin ordinaire, deux périodes dans une école de briques grises. Dieu, les élèves étaient des briques grises. Jamais un mot plus haut que l'autre, pas un avec uns tyle fucker, pas de crachage, pas de gros mots, pas de cultivés, pas de génies... Une journée bin bin plate.
Mais bon, le soir, quand je suis revenu, Charlemagne m'a appelé. Me demander ce que je faisais et s'il pouvait se joindre à mon activité.
J't'ai dans mon bain. J'lui ai dit qu'absolument il pouvait se joindre à moi.
Y'a ri. Y m'a dit qu'il allait se couler un bain en pensant à moi.
Pis on a raccrocher. J'ai raccrocher sur le son de l'eau qui coulait. C'était encore mieux que l'amour au téléphone (déjà que je suis pas une fan de ça...) Mais c'était encore mieux d'imaginer que d'entendre pour vrai...
Des fois, y'a des choses qui sont juste plus belles dans ta tête... J'aime mieux rêver.
Aye, bin, ça m'a pris une heure mais j'ai réussi... Là, on est mercredi matin pis j'fais rien de la journée.
À part z'yeuter mon téléphone. Y m'appelle toujours au bon moment. C'est sûr qu'il a de l'école, mais ça m'étonnerait pas qu'à quatre heure et demi, heure des cartoons et d'Art Attack, le téléphone sonne.
Maudit que j'suis chanceuse.